Ces dernières semaines l’offensive réactionnaire anti-trans s’est intensifiée en France. D’un coté nous assistons à une première offensive législative avec le dépôt le 19 mars dernier d’une proposition de loi du groupe Les Républicains au Sé nat visant à interdire toutes démarches de transition médicale pour les mineurEs. De l’autre, une offensive médiatique est en cours avec notamment la parution d’un nouveau livre anti-trans, écrit par deux figures connues du mouvement anti-trans en france, relayé dans les médias et promu par toute l’extrême-droite du pays.
Les sénateurs LR veulent interdire les bloqueurs de pubertés, traitements hormonaux et chirurgies de réassignation pour les mineurEs et créer un délit puni jusqu’à 2 ans de prison et 30 000€ d’amende pour les médecins qui ne respecteraient pas cette interdiction. Leur proposition de loi fait suite à une enquête menée par ces mêmes sénateurs avec l’aide de pseudo « experts », en réalité des militantEs anti-trans bien connuEs. Dans le rapport publié à la suite de cette enquête, ils justifient cette attaque sur nos droits par une augmentation du nombre de personnes trans qui serait alarmante et causée par les réseaux sociaux, par les associations trans, par l’école ou encore par des équipes médicales qui pousseraient les jeunes vers la médicalisation. C’est bien peu connaître la réalité des vécus trans et les difficultés et obstacles rencontrés par nombre d’entre nous dans nos parcours de transition. Par ailleurs, les médecins imposant des traitements aux personnes intersexes contre leur volonté ne seront eux pas inquiétés par cette proposition de loi, preuve en est qu’il ne s’agit pas de protéger les enfants mais bien de normaliser et contrôler leur corps. Selon les sénateurs LR et les « experts » transphobes qui les accompagnent, la réponse à l’augmentation du nombre de mineurEs trans (par ailleurs limitée) ne devrait pas être une meilleure prise en charge de leur besoins spécifiques et le respect de leur identité, mais bien la psychiatrisation systématique. Ceci ne correspond à rien d’autre qu’à des thérapies de conversion !
Du côté de l’Assemblée Nationale, c’est les députés RN qui se saisissent de la question avec une proposition de loi similaire.
C’est encore une fois les mêmes rhétoriques transphobes, similaires aux rhétoriques homophobes et lesbophobes, qui sont à l’oeuvre. Nous, personnes trans, serions un danger pour les enfants et les enfants trans n’auraient pas droit à l’autonomie et la libre disposition de leurs corps. Mais les sénateurs LR ne comptent pas s’arrêter à la question des enfants, car si leur proposition de loi ne concerne que les mineurEs, leur rapport d’enquête, lui, va beaucoup plus loin. Il préconise déjà de limiter l’accès aux démarches de transition jusqu’à 25 ans et de contrôler les associations qui viendraient faire de la sensibilisation aux thématiques LGBTI+ en milieu scolaire. Leur réel objectif est bien de limiter toute possibilité de transition, peu importe l’âge.
Ce rapport et cette proposition de loi des sénateurs LR s’inscrivent dans un contexte international d’attaques non seulement contre les droits trans mais aussi contre tout droit à disposer librement de son corps, et donc à l’ensemble des droits reproductifs. Des attaques similaires sont déjà en cours ou se préparent au Royaume-Uni, au Québec ou encore aux États-Unis où les réactionnaires entendent bien faire reculer aussi bien les droits des personnes trans que le droit à l’IVG. Ce sont ces mêmes réactionnaires qui s’attaquaient et s’attaquent encore au mariage pour touTEs, à la PMA pour touTEs, au droit à l’IVG. Il ne s’agit pas d’une simple diversion mais bien d’une attaque coordonnée et directe contre les droits des personnes trans mais aussi de touTEs les LGBTI et de toutes les femmes.
N’oublions pas non plus que ces attaques se déroulent dans un climat où nos existences sont déjà marginaliséEs dans la société, non seulement quand on est trans, mais aussi et surtout lorsque l’on vit à la fois la transphobie et les oppressions transmisogynes, racistes, validistes ou encore putophobes. Les existences trans sont d’autant plus fragilisées par un accès aux soins précaire et très inégal selon les régions, ainsi que par les politiques d’austrérité et de casse du service public de la santé qui nous précarisent davantage. En témoigne, pour ne citer que cet exemple, la tentative du gouvernement d’attaquer les ALD, dont beaucoup de personnes trans dépendent dans leur parcours de transition.
C’est la première fois qu’un tel texte est discuté au parlement, et même si le gouvernement a déjà annoncé, par la voix d’Aurore Bergé, qu’il s’y opposerait, nous ne pouvons nous en contenter et il est plus que nécessaire de construire dès aujourd’hui la riposte, non seulement pour défendre nos droits mais aussi pour en obtenir de nouveaux ! Cette riposte doit être la plus large et la plus unitaire possible, à travers les mouvements LGBTI, féministes, antiracistes, à travers le mouvement social dans son ensemble.
Pour construire une première étape à cette riposte, nous appelons à un rassemblement ce samedi 4 mai à 14h, place de la République à Rennes.
Nous revendiquons :
- La dépsychiatrisation totale et effective des parcours de transition et leur remboursement intégral par la sécurité sociale
- Le changement d’état civil sur simple demande, gratuit et sans passage devant un juge
- Une réelle prise en charge des mineurEs trans et de leurs besoins spécifiques en facilitant notamment l’accès aux bloqueurs de puberté et traitements hormonaux
- Un réel droit à la PMA, accessible aux hommes trans et via la méthode ROPA
- Une vraie grande campagne de lutte contre la transphobie et une formation de touTEs aux questions LGBTI, tout au long de la vie, à l’école comme au travail.