À nos allié·e·s et à celles et ceux qui veulent l’être
Ouest Trans est l’une des seules associations trans de Bretagne et nous privilégions les alliances avec d’autres association trans. Nous nouons par ailleurs parfois des alliances avec d’autres associations (LGB/T/I ou féministes par exemple). Par association trans, nous entendons une association dont la thématique principale est la transidentité, et qui est gérée très majoritairement par des personnes trans.
Lorsque nous collaborons avec des associations alliées sur un événement ou une action autour des thématiques trans, nous avons des exigences que nous avons décidé d’exposer clairement dans ce texte, car après de nombreuses années d’existence, nous ne voulons plus dépenser une grande partie de notre énergie à essayer perpétuellement de nous faire entendre par des structures qui se veulent nos alliées.
Une collaboration sur un projet se fait depuis le début du projet. On ne raccroche pas les associations directement concernées par un thématique une fois que le projet a déjà avancé, en les mettant devant le fait accompli. Telle modalité d’action, tel choix de film, tel intervenant qui ont pu vous paraître pertinent en tant que structure alliée peut en fait se révéler peu judicieux voire contre-productif ou dangereux pour les luttes trans. En travaillant dés le début avec les associations trans, et en ne tentant pas de leur imposer votre vision de ce que devraient être les luttes et l’auto-support trans, il est bien plus probable que vous partiez sur de bonnes bases. Ayez l’amabilité de vous y prendre à l’avance, nous avons notre propre calendrier et nos priorités et nous n’avons pas forcément de disponibilités pour vous répondre dans la minute.
Si votre structure communique sur un projet qui s’avère être transphobe, sachez vous excuser. Gardez à l’esprit que « Nous sommes désolés que vous ayez perçu cet événement comme transphobe » ne sont pas des excuses mais une piteuse tentative de justification consistant à remettre la faute sur les personnes qui ont demandé des excuses.
Une grande partie de nos actions se déroule en non-mixité. C’est un outil politique qui a une grande importance pour nous et qui est central dans la mise en place de nos actions et l’organisation de l’association. Ce n’est pas uniquement un choix du bureau, c’est également une demande de la part d’un grand nombre de personnes qui fréquentent l’association. Nous avons besoin de pouvoir nous organiser sans personnes cis décisionnaires, et de tenir des permanences et des temps d’accueil entre nous, d’une part parce que les personnes cis n’ont pas besoin de tout savoir de nos vies pour nous soutenir, et d’autre part parce que nous vivons de la transphobie dans nos vies quotidiennes, et que cette transphobie ne s’arrête pas aux portes des luttes. Cette transphobie est perpétrée par les personnes cis en tant que groupe social. Si notre stratégie consiste à ne pas accepter ce groupe social dans certains de nos espaces de lutte et d’auto-support, nos allié·e·s doivent respecter et comprendre cette stratégie. Parfois, nous avons besoin d’allié·e·s pour nous former sur certaines thématiques. Contribuer à l’autonomie et au bien-être d’une population discriminée devrait être plus important que votre ego, et partager vos savoirs sur certains outils pour aller dans ce sens devrait être une évidence.
L’autonomie de nos luttes est très importante pour nous. Les structures avec lesquelles nous travaillons doivent aller dans ce sens. Les associations généralistes dans lesquelles des personnes cis sont décisionnaires doivent s’engager dans une démarche allant dans ce sens, et savoir s’effacer pour laisser la place à l’auto-organisation.
Il est également indispensable de comprendre et d’accepter le fait que nous refusons de négocier avec des structures ou des personnes qui confisquent notre parole et sabotent nos luttes. Par exemple, il est inadmissible que des associations veuillent débattre avec des médecins maltraitants, sous prétexte de liberté d’expression ou de savoir mieux que nous comment mener nos luttes. Si vous pensez par exemple qu’il est possible de se poser autour d’une table pour débattre avec la SOFECT (devenu aujourd’hui « Trans-Santé »), une quelconque collaboration n’aura pas lieu entre nous. Inviter des médecins qui maltraitent des personnes trans depuis des années n’est absolument pas nécessaire pour comprendre leur transphobie : le fait que les associations trans exigent la dissolution de la SOFECT/Trans-Santé devrait largement suffire à vous faire comprendre l’étendue du problème. Au-delà de la SOFECT, inviter des « spécialistes » cis des transidentités n’est pas une idée pertinente, que ses personnes soient des médecins, des artistes ou des sociologues.
Entendez que nous n’accepterons pas que vous nous invitiez en tant que personnes individuelles pour raconter nos vies. Nous voulons êtes invité·e·s en tant qu’association pour partager nos revendications et notre expertise.
N’utilisez jamais les personnes trans de votre structure ou de votre connaissance comme caution pour vos actions. Les luttes trans n’ont pas besoin que vous opposiez les trans les un·e·s aux autres. N’utilisez pas non plus le ton que nous employons pour vous répondre suite à ce que vous considérez comme une « maladresse » pour nous discréditer.
Si vous êtes un·e artiste cis et que vous nous envoyez un mail pour nous dire par exemple que vous avez un projet révolutionnaire qui consiste à prendre en photo des personnes trans, ne vous attendez pas à recevoir un bon accueil.
Lorsque vous partagez un de nos événements, ne modifiez pas le texte pour le faire coller à vos propres luttes. Par exemple, si nous jugeons pertinent de mentionner notre opposition aux lois répressives à l’égard des travailleur·se·s du sexe, il est parfaitement déplacé que vous supprimiez cette revendication pour coller au positionnement abolitionniste de votre structure.
Enfin, rappelez-vous que nous sommes une association d’auto-support, de lutte contre la transphobie et pour les droits des personnes trans. Le nombre d’associations et de collectifs trans augmente énormément ces dernières années. Nous n’avons pas besoin que vous nous sauviez. Si nous avons besoin de quelque chose, c’est d’un réel soutien de la part de nos partenaires. Relayez nos actions, adhérez à l’association, faites des dons si vous en avez la possibilité. Lorsque des réunions sont ouvertes aux personnes cis, rendez-vous y et voyez en quoi vous pouvez vous rendre utile. Si vous êtes une structure et que vous avez un projet sur les transidentités, contactez systématiquement une association trans pour bénéficier de son expertise, et n’attendez surtout pas le dernier moment pour essayer de réparer les pots cassés.